Gilles et Geneviève sur les chemins de Compostelle

Dernier tour dans Muxia ce matin par un temps maussade. 

Une curiosité que nous n'avions pas compris : il s'agit de séchoir à poissons ou plus exactement à congres. Il s'agit de ces curieux échafaudages en bois sur les rochers en bord de mer.

Bien sûr nous avons fait un adieu au sanctuaire de Notre Dame de la Barque: Cet endroit  nous a un peu fascinés, Gilles et moi, par sa beauté sévère  due pour beaucoup à ce granit omniprésent.

Nous avons trouvé d'ailleurs quelques belles maisons en granit dans le centre....

Mais, manifestement, les espagnols aiment mieux la couleur ....sans doute aussi pour une raison de prix de la construction.

Voici un  florilège de façades colorées trouvées au fil des rues dans Muxia

Du bicolore....parfois discutable...

Nous avons passé notre dernière soirée à Muxia dans un restaurant où les patrons parlent français et où on mange formidablement bien, essentiellement des fruits de mer et du poisson. il s'agit d'un restaurant sur la route qui longe le port , tout au bout:

 "A casa do pexe ", 34 avenida Lopez Abente 

À midi, nous avions partagé des plats de pas poulpes à la galicienne, de pétoncles et surtout des pouce-pieds: Seul Jacky en avait déjà mangé : c'est un mollusque très rare qui vit accroché à des rochers, au niveau des vagues dans les mers fraîches.....d'où la difficulté et la dangerosité de les récolter.....ils sont très prisés ici pour les fêtes par exemple.

Nous y sommes donc retournés le soir même  pour manger une paella spécialement commandée pour Dany qui en rêvait depuis le début.

Et cet après midi, nous étions une trentaine de pèlerins à prendre le car pour rentrer sur Santiago......Nous avions mis 6 jours à pied pour aller de Santiago à Muxia, nous avons mis 2 h pour rentrer.

Et c'était un vrai car pour pèlerins où il y avait, écrit dans toutes les langues, 2 interdictions formelles :

1) Ne pas manger dans le car

2) Ne pas retirer ses chaussures dans le car..........

Nous nous sommes donc rendus, Gilles et moi, dès hier soir à ce sanctuaire dédié à Notre Dame de la barque, situé légèrement à l'extérieur de la petite ville de Muxia et nous y sommes retournés tous les 4 ce matin où , hélas, le soleil n'était pas de sortie

En fait, Muxia est à l'entrée d'une petite presqu'île longue d'un kilomètre environ: il faut donc traverser la petite ville et aller à la pointe de la presqu'île.....le vent y fait rage.

La légende raconte que l'apôtre Jacques n'arrivait pas à convertir les habitants de la petite ville de Duio et que ceux ci continuaient à vénérer le soleil. La ville fut submergée par les eaux et tous les habitants périrent. Jacques se mit à prier pour implorer l'aide du Seigneur. La Vierge arriva alors dans une barque de pierre , escortée par des anges pour soutenir Saint Jacques dans sa mission et accosta sur cette pointe battue par les eaux ! Ce lieu est donc inclus dans toutes les routes jacquaires depuis le moyen-âge.

Une église a donc été édifiée à l'endroit où la Vierge a accosté...C'est le sanctuaire de Nosa Senora da Barca

Hélas, il y a eu un spectaculaire incendie au matin du 25 décembre 2013, déclenché par la foudre : Celui-ci a détruit  le toit en ardoise,  les poutres et la sacristie furent ravagés par les flammes. Surtout le retable baroque du maître autel sculpté par Miguel de Romay en 1717 a disparu dans les flammes....

A présent, à l'intérieur, on a donc remplacé ce retable par celui-ci, peint, avec tout en haut, bien sûr, la Vierge sur sa barque entourée d'angelots.

Les deux retables baroques des chapelles latérales, les confessionnaux et les images de Saint Michel, Saint Jean et du Christ crucifié ont pu être arrachées aux flammes. 

L'image gothique de Notre Dame de la Barque qui date de la seconde moitié du XIVe siècle et qui porte une couronne d'or, fut préservée car le curé de la paroisse la gardait dans le presbytère.

Saint Jacques est bien sûr présent!

Deux petits vitraux évoquent les fêtes et processions organisées en l'honneur de la Vierge à la barque.

Dans cette église, il y a même une chapelle consacrée à Notre Dame de la Salette ( près de Corps, non loin de Grenoble) où deux enfants ont rencontré " une belle dame en pleurs" le 19 septembre 1846...

À partir de la légende chrétienne, d'autres mythes commencèrent à se développer et donnèrent lieu à quelques rituels : 

Trois pierres sont devenues symboliques:

La PEDRA DE ABALAR " pierre à bouger" : longue d'environ 9m et large d'environ 6 m , elle serait ce qui reste de la barque de pierre ( retournée ! ) . Selon la tradition, seuls les innocents ou ceux qui sont libres de tout péché parviennent à la faire bouger.

Elle aurait une autre utilité: elle pourrait présager un malheur et même déterminer l'innocence ou la culpabilité de quelqu'un ! 

Enfin, une croyance populaire affirme aussi que cette pierre  se balancerait pour exaucer les vœux de celui qui le mérite. 

Gilles a essayé de sauter dessus, aidé par Jacky ......Elle n'a pas bougé d'un pouce !

LA PEDRA DOS CADRIS oû PIEDRA DE LOS KIDNEYOS aurait des propriétés curatives ! La tradition veut qu'il faille   Passer neuf fois en dessous pour guérir les maladies rénales,  les maux de dos et de tête. 

Ce serait la voile du bateau de la vierge ( bon, moi, j'avais compris qu'elle était venue en barque....donc à la rame, avec des rameurs angéliques .....ils étaient peut être prévoyants et avaient apporté une voile pour pouvoir faire la sieste pendant ce long voyage !) 

Donc, je suis passée une fois en dessous.....et vu la difficulté de l'affaire, je pense qu'au bout de 9 fois je risquais plus de rester coincée que de guérir mon dos..Ah , ce que c'est que le manque de Foi ! 

Quand je dis " passer en dessous", c'est partir de derrière et ressortir par devant: Voici 2 photos tirées de la petite vidéo que Gilles a fait de mon exploit.( très mauvaise qualite de photo!)

Enfin la PIEDRA DO TIMÓN ainsi nommée pour sa ressemblance avec le gouvernail d'un navire .... Ce serait le gouvernail de la barque de la Vierge ( et oui, les anges, ça ne peut pas tout faire !).....autant vous dire tout de suite....celle là, on ne l'a pas trouvée.

 Au-dessus un étrange monument représentant un rocher fendu a été érigé. il serait dédié aux nettoyeurs des côtes  à la suite des nombreux naufrages de bateaux qui se fracassaient régulièrement  sur ces rochers .

Il évoquerait, dit-on, le mât et la voile du bateau de la Vierge....ce qui n'est pas incompatible ...... ( si on exclut que c'était une barque..... quelle galère !)

A côté se trouve la borne km 0 pour le pèlerin qui va directement de Santiago à Muxia. 

Il n'y aura pas de blog ce soir. 

Cette journée de marche, je l'ai dédiée à Sheily, la maman de Nathalie-Kim qui vient de nous quitter brutalement et précocement là bas, au Brésil. 

Mes pensées ont été pour elles. J'ai beaucoup écouté le chant des oiseaux dans ces forêts d'immenses eucalyptus....regardant le ciel et entraînant mon esprit tout là-haut là-haut .... En communion avec ceux que j'aime et que Sheily est allée rejoindre.

En arrivant à Muxia ce soir, nous sommes allés, Gilles et moi, au sanctuaire de la Vierge de la barque.......une grande église a été bâtie sur cette " côte de la mort" où tant de marins ont péri, pour commémorer la venue de Marie en terre d'Espagne pour soutenir Saint Jacques chargé d'évangéliser le pays.

Nous avons allumé une bougie pour Sheily auprès de cette Vierge vénérée par les Galiciens et prié pour elle et sa famille.

Gilles et moi sommes donc partis de Fisterra vers 20h15 pour monter au cap Finistère, la fin du chemin, le kilomètre 0 pour y voir le soleil se coucher , toute une symbolique pour nous.  (Dany et Jacky avaient préféré y aller avant le dîner)

Il y a , en gros 3,5 km aller et 3,5 km retour à faire. Nous quittons donc Fisterra en suivant un chemin agréable qui domine la mer et borde la route....

D'un pas alerte, nous doublons un pélerin, chose rare...

Et nous parvenons au calvaire du cap....le phare est en vue

Et voici notre Graal : la borne km 0,000.......qui vaut bien 2 photos souvenirs

Nous allons jusqu'au phare: Derrière, le lieu symbolique où le pelerin doit brûler ses vêtements pour se dépouiller et enfiler sa nouvelle peau......C'est bien sûr formellement interdit....Certains laissent des messages, leurs chaussures ....choses régulièrement enlevées bien sûr par les services de nettoyage du site

Et tout là bas, c'est l'Amerique!

Nous patientons et regardons le soleil baisser sur l'horizon et se noyer dans l'ocean

Et nous rentrons sagement nous coucher ....3,5 km plus loin: Nous repassons devant la jolie église Santa Maria bien illuminee........nous serons rendus à 22h45

Un départ sur le goudron mais ce sera le seul de la journée : Très vite on arrive à OLVEIROA qui semble être le royaume des horreos ....pas toujours en bon état mais il y en a partout...mais finalement ce seront les seuls de la journée.

À partir de là, nous passons un petit rio puis  nous montons en altitude (300m) où nous resterons pendant une dizaine de km: Les éoliennes sont partout et, petit à petit, les arbres laissent la place aux genêts et à la lande ....Des nuages et une bise permanente venant de la mer toute proche nous accompagneront toute la journée : pas de chaleur excessive comme depuis 2 jours .

Aujourd'hui, j'ai pu répondre à une question qui me tarabustait depuis quelques jours: Lorsque je trouve  une jolie vue, j'essaie de trouver le bon endroit pour faire ma photo: il y a quelques jours, au moment où je trouve enfin le bon plan, un jeune pèlerin se place à côté de moi avec son téléphone portable et , tournant le dos à la belle vue, prend en photo la superbe éolienne blanche derrière moi.  Bon, me dis-je, il doit travailler dans l'électricité......regrettant un peu qu'il n'apprécie pas la beauté de la nature...Quelques jours après, re-belote: Alors que je prends devant moi, la montée toute verte vers le mont Aro, la jeune coréenne se place à mes côtés et prend en photo la descente...à mon avis pas inouïe...et repart sans prendre le sommet. Bon me dis-je, nous n'avons pas les mêmes valeurs .... Aujourd'hui, alors que je me poste pour prendre un superbe horreo, voilà qu'un gars arrive et prend ce qu'il y a derrière moi: un horrible mur tout lépreux....je regarde de plus près et comprends alors le fossé des générations qui nous sépare .....tous ces jeunes ....font des "selfies ": ils se prennent eux mêmes devant ....une belle vue, un sommet oû un horreo .....

Nous arrivons au point de bifurcation : Nous avons choisi d'aller d'abord à Fisterra, puis à Muxia: D'autres peuvent faire le choix contraire

Nous sommes redescendus un peu en altitude et avons retrouvé des arbres ce qui apporte un peu d'ombre: En fait le soleil tape assez fort mais l'air reste frisquet en raison du vent

Et nous croisons ce que nous pensons être une vipère à collier qui frétille de la langue

Moins dangereux, voici un calvaire avec une inhabituelle pietà 

Le sanctuaire de Notre Dame des Neiges nous offrent une halte pique-nique au bon moment

Il nous faudra 4 km pour atteindre l'église "San Pedro Màrtir". En fait, depuis la bifurcation, nous n'avons traversé aucun village, ni vu âme qui vive à part des pèlerins, toujours assez nombreux et quasiment toujours solitaires. Nous étions prévenus: au dernier bar avant la bifurcation, une grande affiche annonçait : "Dernier bar avant Cee, 15km"

Encore 6 km et chacun guette ....Gilles l'a vue.....au loin, l'océan et à droite le cap Finistère......c'est tout juste si on ne croit pas voir le Brésil ! Il y a 200 m de dénivelé à descendre ce qui ravit Les jambes de Gilles

La ville de Cee nous attend, ses plages etc, etc...